Journal de Morganor
Hier, sire Roderick nous manda, mes compagnons et moi-même, pour réunir ses bannerets et les convient à une réunion majeure qui allait se tenir prochainement.
L'équipage est donc composé de Grunbeld, Driant, Pellandre et moi-même, Morganor. Nous sommes bien évidemment accompagnés de nos écuyers respectifs.
La route ne fut pas sans embûches, et sur les deux jours de voyage que nous avions prévu, nous trouvâmes proche de notre lieu de bivouac, un groupe de saxons en train de torturer deux chrétiens.
La lutte fut brève, car bien qu'inférieurs en nombre, une fine stratégie nous permis de triompher sans coup férir. Cependant, l'un des deux chrétien a trépassé avant que nous ne puissions le secourir. Le second a décidé de nous accompagner, pour plus de sûreté.
Nous continuâmes notre route et dans la matinée du lendemain, une colonne de fumée s'élevant à l'écart du sentier nous fit faire une halte supplémentaire. En nous approchant, nous découvrîmes que cette fumée était celle d'une ferme en train de brûler. Nous libérâmes les animaux prisonniers dedans, et trouvâmes les cadavres de toutes la famille, visiblement attaqués par une bête sauvage.
Alors que nous inspections les lieux, une chevauchée nous rejoint. Il s'agissait de sire Belias de Fairfield, un vassal de sire Amig. Il nous apprit que la région était en proie aux agissement d'une bête sauvage, et que la chasse n'avait jusqu'à présent rien donné. Apprenant l'objectif de notre voyage, il proposa de nous accompagner jusqu'à Tilshead.
A notre arrivée, sire Amig nous accueilli chaleureusement, mais nous fûmes marqués par sa condition, laquelle nous semblait plus proche de celle d'un vieillard que d'un valeureux chevalier tel que nous nous souvenions de lui. Un banquet fut servi en notre honneur, auquel siégeaient naturellement le seigneur, sa dame Diane, son chambellan, son fils et son épouse, ainsi que sire Belias. Durant le repas, les problèmes liés à la bête nous furent confirmés. Le nom de Bridei fit aussi irruption, en référence à un Picte apparu il y a peu de temps, vraisemblablement pour chasser la bête.
Une battue étant organisée le surlendemain de notre arrivée, nous proposâmes notre aide pour celle-ci. Profitant de l'intervalle pour en apprendre plus, nous rencontrâmes un jeune fils de meunier à l'esprit simple, seul survivant des massacres de la bête, ainsi que Bridei. Celui-ci nous indiqua qu'il pensait que la bête utilisait les cours d'eau pour se déplacer. Suivant les ruisseaux partant des lieux de massacre, nous découvrîmes la fontaine de Mordran, une divinité ancienne largement oubliée aujourd'hui.
La battue commença tôt le matin, et la troupe se sépara en plusieurs groupes. Notre groupe comptais mes amis, ainsi que Bridei et un soldat de sire Amig. Alors que la journée avançait, nous longeâmes un cours autour duquel le brouillard semblait s'épaissir. Soudainement, le cheval de notre soldat qui fermait la marche se fit attaquer par un serpent gigantesque. Après une lutte intense, le monstre prit la fuite. Grâce aux talents de pistage de Pellandre, nous découvrîmes que celui-ci s'était réfugié dans une ancienne bergerie. En nous approchant des lieux, nous fûmes surpris de voir Florie, blessée et recroquevillée dans un coin. Bien qu'elle tenta de nous charmer, nous résolûmes de la garder prisonnière et de rapporter la nouvelle à sire Amig : Florie n'était rien d'autre qu'une Lamia.
Driant et moi-même partîmes en direction de Tilshead pour y attendre le retour de sire Amig. Cependant, soupçonnant que Florie n'était pas seule, nous décidâmes de feinter pour amener son ou sa complice à se dévoiler. La situation nous laissait effectivement penser que Diane pouvait elle aussi être une Lamia. Nous n'annonçâmes donc à Amig qu'une nouvelle : la bête était vaincue. Son corps était trop gros pour être transporté et nous irions la chercher le lendemain. Une fête fût alors organisée.
Voulant surveiller les agissements de dame Diane, Driant et moi montâmes la garde à l'extérieur du manoir. Et alors que la nuit était encore jeune, Diane vint trouver Driant (j'étais caché dans le foin à ce moment-là) et nous fît comprendre à demi-mot qu'elle savait pour Florie et qu'elle attendait avec impatience la journée de demain.
Peu de temps après, nous reçûmes la visite d'un spectre ayant l'apparence de Florie. Visiblement apaisée, elle nous incitait à la suivre, et bien que Driant ne la vît pas, nous y allâmes. Elle nous guida hors du bourg, au pied d'un saule en bordure d'un ruisseau. Là étaient enterrés deux cadavres, l'un portant une broche reconnaissable.
Le lendemain, alors que nous allions tous ensemble en direction de la bergerie, Driant entreprit d'expliquer à Amig la situation réelle. Il lui demanda notamment s'il se souvenait de la broche découverte dans la nuit. Bien que troublé, Amig répondit que oui, elle appartenait à son épouse mais qu'elle ne la mettait plus depuis un moment. Driant lui expliqua alors que celle qu'il prenait pour son épouse, ainsi que sa suivante, n'étaient autre que les bêtes qui harcelaient la région depuis un mois maintenant. Bien qu'en proie à la colère, la vision des cadavres le convainquit. Il tourna bride à toute allure en direction de Tilshead, mais ne trouva là-bas que le manoir vide. La seconde lamia s'était enfuie. Quand à la première, elle avait tenté de s'enfuir durant la nuit, et nos camarades n'eurent d'autres choix que de la tuer.